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Ecos > 2012 > Les Echos - Cachez cette bulle verte que je ne saurais voir

Les Echos29 mai 2012
par Rémy Prud'homme,
Professeur des universités

Cachez cette bulle verte que je ne saurais voir

LE CERCLE. (par Rémy Prud'homme) - La bulle de l'électricité verte, c'est-à-dire solaire et éolienne, est en train d'éclater. Cette tragi-comédie se déroule en trois actes.

Le premier acte est celui de l'euphorie. Comment produire de l'électricité en écartant la peste nucléaire et le choléra thermique ? Avec des éoliennes et des panneaux solaires, sources d'électricité naturelles, inépuisables, propres et domestiques. En plus, leur installation va créer des emplois par milliers et faire de chacun des pays qui s'en équipe un exportateur d'éoliennes et de panneaux. C'est en chantant que tous les pays développés, poussés par l'Union européenne et les ONG environnementalistes, se lancent à corps perdu dans cette belle aventure qui va sauver la planète.

Le deuxième acte est celui des subventions. L'électricité éolienne et plus encore l'électricité solaire coûtent tellement cher qu'elles ne peuvent pas exister sans aides publiques. Qu'à cela ne tienne, le contribuable paiera. Etat, régions, départements, villes même, chaque élu sort son chéquier : subventions à l'investissement, amortissements accélérés, crédits d'impôt, niches fiscales, etc. Le principal outil d'intervention a été l'hypocrite système des obligations d'achat. Il force les producteurs d'électricité à acheter toute l'électricité verte produite, et à le faire à des prix de deux à cinq fois plus élevés que le coût des autres formes d'électricité. Il s'agit donc d'un impôt discret sur la consommation, couplé avec une subvention cachée. Comment ne pas penser au « cachez-moi ce sein que je ne saurais voir » de notre bon Tartuffe ?

Grâce à ces subventions, des centaines de milliards d'euros ont été investis dans l'électricité verte : au moins 170 milliards en Allemagne, 70 en Italie, 60 en Espagne, 25 - seulement -en France. Cet argent n'a pas été perdu pour tout le monde. En France, deux entrepreneurs plus malins ou plus rapides que d'autres ont très légalement gagné chacun un demi-milliard d'euros dans l'éolien. Ces investissements ont aussi créé des usines d'éoliennes et de panneaux solaires, notamment aux Etats-Unis, en Allemagne au Danemark, en Espagne, au Japon, mais aussi - et surtout -en Chine.

Le troisième acte est celui des larmes. Avec la crise financière, vite transformée en crise des finances publiques et du pouvoir d'achat, la ponction de l'électricité verte sur les budgets publics et privés devient insupportable. En 2011, la plupart des pays, y compris la riche Allemagne, réduisent alors (de 20 à 40 %) leurs aides financières à l'éolien et au photovoltaïque - pour le futur, pas pour les équipements installés.

Moindres subventions égale moindre rentabilité égale moindres investissements égale crise chez les fournisseurs d'équipements. Producteurs d'éoliennes et de panneaux solaires connaissent des pertes, restructurent, licencient, font faillite. On connaît en France les malheurs de Photowatt, sauvé in extremis par EDF sur injonction du président de la République. Mais la bulle verte éclate partout dans le monde. Vestas, l'entreprise danoise numéro un mondial des turbines éoliennes, a perdu de l'argent en 2011, elle en perdra davantage en 2012 et elle licencie plusieurs milliers de salariés ; sa capitalisation boursière a été divisée par treize. Q-Cells, le producteur allemand de cellules photovoltaïques, est en faillite. Aux Etats-Unis, Solyndra, qui avait bénéficié de l'appui personnel de Barack Obama, ferme en septembre 2011. Solar Millennium, la firme allemande d'installations solaires, dépose son bilan en décembre 2011. Sa filiale américaine Solar Trust of America en fait autant quelques mois plus tard. First Solar, la firme américaine numéro un mondial du solaire, s'est effondrée fin 2011 et a licencié 30 % de ses travailleurs ; elle annonce des pertes massives au premier trimestre 2012. Il est facile de prévoir que la pression sur les finances publiques augmentant, les subventions diminueront, aggravant encore la crise du secteur.

Les élites françaises refusent de voir ces réalités. Elles continuent de rêver qu'éolien et solaire vont se développer massivement et créer des centaines de milliers d'emplois aux frais du contribuable et du consommateur. Ce n'est pas un gouvernement Hollande avec des ministres Verts, mais bien un gouvernement Sarkozy, qui passe commande de 600 éoliennes en mer pour plus de 10 milliards d'euros. Quand on aime, on ne compte pas.

Les Echos | 29 mai 2012


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